Qu’ils exercent en libéral ou dans un établissement hospitalier, les infirmiers poursuivent les mêmes enseignements. Ils étudient dans des IFSI (Institut de formation en soins infirmiers) pour obtenir leur DEI (diplôme d’État d’Infirmier). Mais ensuite, leurs carrières diffèrent. Et au-delà de la pratique de leur métier et de leurs revenus, les disparités sont aussi notables au moment de leur retraite : que ce soit la caisse de retraite, le calcul du montant de la pension de retraite de base ou la complémentaire, ce ne sont pas les mêmes. Explications.
Les différences entre infirmier hospitalier et libéral pendant la vie active
Quelques chiffres pour commencer : en 2022, 637 644 infirmiers exercent en France, dont 121 152 en libéral. 64 % de l’ensemble des infirmiers travaillent en milieu hospitalier en tant que contractuels ou fonctionnaires (titulaires ou stagiaires).
Le lieu d’exercice pour les infirmiers hospitaliers et les libéraux
L’une des différences majeures entre les infirmiers hospitaliers et libéraux est leur lieu d’exercice.
Les infirmiers hospitaliers travaillent au sein d’établissements de santé tels que les hôpitaux, les cliniques ou les centres de soins. Ils travaillent généralement en équipe, sous la supervision d’un médecin.
Les infirmiers libéraux (IDEL), quant à eux, travaillent en tant que professionnels indépendants et peuvent exercer leur profession à domicile ou en cabinet. Ils sont responsables de leur propre entreprise et doivent gérer les aspects administratifs de leur pratique.
Le rythme de travail des infirmiers est différent
Les infirmiers hospitaliers et libéraux ont également des rythmes de travail différents. Les infirmiers hospitaliers travaillent en fonction des besoins de l’établissement de santé où ils exercent. Ils peuvent être amenés à travailler de nuit, le week-end ou les jours fériés.
Les infirmiers libéraux, en revanche, ont plus de flexibilité dans leur emploi du temps. Ils peuvent organiser leur temps de travail en fonction de leur propre disponibilité et de celle de leurs patients.
Les conditions de travail
Les conditions de travail des infirmiers hospitaliers et libéraux sont différentes. Les infirmiers hospitaliers peuvent être confrontés à des horaires de travail chargés. Les infirmiers libéraux, quant à eux, ont la possibilité de travailler dans un environnement plus calme et moins stressant. Toutefois, ils doivent également faire face à des visites à domicile chez des patients en situation de fragilité.
La formation continue, plus développée pour les infirmiers hospitaliers.
La formation continue est un aspect important de la carrière des infirmiers, quelle que soit leur spécialité. Les infirmiers hospitaliers ont généralement plus d’opportunités de formation continue grâce aux programmes proposés par les établissements de santé où ils travaillent.
Les infirmiers libéraux, quant à eux, doivent chercher des opportunités de formation continue par eux-mêmes, ce qui peut parfois être plus difficile. Toutefois, les infirmiers libéraux ont souvent plus de liberté dans le choix de leur formation continue, qui peut être plus spécifique à leur domaine d’activité.
Les revenus des infirmiers
Selon qu’ils soient infirmiers hospitaliers ou libéraux, les modes de rémunérations sont très différents. En effet, si les infirmiers hospitaliers reçoivent un revenu fixe en fonction de leur grade et de leur échelon, les infirmiers libéraux n’ont pas de rémunérations fixes. Elles varient chaque mois, selon le nombre et la nature des soins qu’ils effectuent auprès de leur patientèle. Cette souplesse est intéressante pour moduler son temps de travail mais cela nécessite aussi de disposer d’une patientèle suffisante pour obtenir un revenu acceptable.
Au-delà de toutes ces différences concernant leur vie professionnelle quotidienne, les infirmiers ne cotisent pas non plus aux mêmes caisses au moment de leur retraite.
Les caisses de retraite pour les infirmiers hospitaliers
Pendant la vie professionnelle, les infirmiers hospitaliers cotisent à des caisses de retraite qui sont différentes, selon leur statut.
La caisse de retraite pour les infirmiers hospitaliers contractuels
Le régime général de la Sécurité Sociale gère la retraite de la majorité des salariés en France. Les infirmiers hospitaliers contractuels cotisent à ce régime s’ils travaillent dans un établissement de santé public avec un contrat de droit privé.
La caisse de retraite pour les infirmiers fonctionnaires titulaires ou stagiaires
Les infirmiers fonctionnaires (titulaires ou stagiaires) cotisent pour leur retraite au régime de la Caisse Nationale de Retraite des Agents des Collectivités Locales (CNRACL), qui gère la retraite des fonctionnaires territoriaux et hospitaliers. Cette caisse est financée par des cotisations salariales et patronales prélevées sur les rémunérations des agents publics, ainsi que par des contributions de l’État.
La caisse de retraite des infirmiers libéraux
La caisse de retraite des infirmiers libéraux est la Caisse Autonome de Retraite des Infirmiers, Masseurs-Kinésithérapeutes, Pédicures-Podologues et Orthophonistes (CARPIMKO). Cette caisse est chargée de la gestion des régimes obligatoires de retraite de base et complémentaire des professions libérales de la santé, y compris les infirmiers libéraux.
La Carpimko et les 9 autres caisses de retraite des professions libérales comme la CARMF pour les médecins, constituent la CNAVPL, la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse des Professions Libérales.
Le système de cotisation repose sur l’accumulation de points tout au long de la carrière de l’IDEL.
Le régime complémentaire obligatoire pour les infirmiers hospitaliers fonctionnaires
La RAFP (Retraite additionnelle de la Fonction publique) est un régime obligatoire depuis la loi de 2003 mais opérationnel depuis le 1er janvier 2005. Ce système dit par capitalisation fonctionne par points. Cela signifie que tout au long de sa carrière, l’agent hospitalier fonctionnaire accumule des points sur son CIR (Compte Individuel Retraite).
Ces points sont collectés grâce au versement mensuel de cotisations patronales et salariales. Ce qui est intéressant dans ce dispositif, c’est qu’il prend en compte une partie des primes et autres rémunérations qui ne font pas partie de l’assiette de la CNRACL.
La valeur des points évolue régulièrement. À savoir :
- les points d’acquisition qui correspondent au montant de votre cotisation annuelle ;
- les points de service qui vont déterminer le montant de la prestation de la RAFP.
Ces deux valeurs sont décidées tous les ans par le conseil d’administration de l’ERAFP, l’Établissement de retraite additionnelle de la Fonction publique. Par exemple, la valeur d’acquisition du point est de 1,3466 € pour 2023 et la valeur de service du point est de 0,05036 €. Les deux montants ont connu une augmentation de 5,7 % en 2023.
Le régime complémentaire obligatoire pour les infirmiers hospitaliers contractuels
Autre spécificité : les infirmiers contractuels ne cotisent pas non plus au même régime de retraite complémentaire. Dans le cas d’agent hospitalier non titulaire, c’est l’Ircantec (Institut de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’État et des collectivités publiques) et non la RAFP qui a la charge de la gestion de la retraite additionnelle.
C’est en revanche le même système de points acquis tout au long de la vie active qui se convertissent pour déterminer le montant de la pension complémentaire.
Les valeurs d’acquisition et de liquidation sont aussi revalorisées tous les ans. Le 1er janvier 2023, la valeur de service du point est fixée à 0,51621 euro.
Le régime complémentaire obligatoire pour les infirmiers libéraux
Les infirmiers libéraux bénéficient également de régimes complémentaires de retraite pour améliorer leur pension de retraite. Comme les infirmiers hospitaliers, les infirmiers libéraux cotisent à un régime obligatoire qui est aussi géré par la Carpimko.
Les cotisations sont doubles :
- Une cotisation forfaitaire ;
- Une cotisation évaluée en fonction des revenus d’activité de l’année précédente (N-1).
Les calculs des pensions de retraite des infirmiers hospitaliers et libéraux
Au moment de la retraite, les différences existent et en particulier pour le calcul du montant des pensions.
Le calcul de la pension pour les infirmiers hospitaliers (titulaires ou stagiaires)
La pension de retraite de base des infirmiers hospitaliers (titulaires ou stagiaires) est calculée comme suit : 75 % x (nombre de trimestres cotisés et bonifications/nombre de trimestres d’assurance requis pour bénéficier du taux plein) x traitement indiciaire des six derniers mois.
Le calcul de la pension pour les infirmiers hospitaliers contractuels
La pension à taux plein correspond à 50 % de leur salaire brut calculé sur les 25 meilleures années de leur carrière.
La retraite de base des infirmiers libéraux est un régime à points
Aussi, le calcul est le suivant : nombre de points acquis multiplié par la valeur du point en vigueur l’année du départ à la retraite. Depuis le 1er janvier 2023, un point Carpimko vaut 0,6076 euro.
L’âge de départ à la retraite des infirmiers hospitaliers et libéraux
Il y a là aussi des disparités entre les différents statuts des infirmiers libéraux, fonctionnaires et contractuels au regard de l’âge de départ.
L’âge d’ouverture des droits à la retraite pour les infirmiers hospitaliers titulaires ou stagiaires
L’âge d’ouverture des droits à la retraite dépend de la catégorie d’emploi :
- À partir de 57 ans pour la catégorie active ;
- À partir de 62 ans pour la catégorie sédentaire.
Certains infirmiers ont pu choisir, en 2011, de rester dans la catégorie active ou de demander à aller dans la catégorie sédentaire, avec un âge d’ouverture des droits à 60 ans.
Depuis cette date, tous les nouveaux infirmiers titulaires et stagiaires appartiennent à la catégorie sédentaire.
L’âge d’ouverture des droits à la retraite pour les infirmiers contractuels
Il n’existe pas de catégorie particulière et les infirmiers peuvent prendre leur retraite à partir de 62 ans en ayant validé entre 162 et 175 trimestres d’assurance retraite selon leur année de naissance, pour bénéficier d’un taux plein.
L’âge d’ouverture des droits la retraite pour les infirmiers libéraux
Les IDEL sont soumis aux mêmes règles que les infirmiers contractuels : ils doivent atteindre l’âge légal de la retraite qui est en 2023 de 62 ans et justifier de 162 à 175 trimestres validés.
Quel que soit leur statut, il est recommandé à tous les infirmiers de se constituer un complément de revenu en s’affiliant à une complémentaire retraite. Les infirmiers hospitaliers peuvent bénéficier des nombreux avantages de la CRH, la Complémentaire Retraite des Hospitaliers, proposée par le C.G.O.S.